Compte rendu de Willy:
Une grande préparation bien récompensée !!!
Vendredi 2 juin 2017, Martin passe me prendre à la maison ; direction l'aéroport de Nantes, puis Lyon by plane. C'est parti pour le week end O'bivwak 2017 !
Nous sommes reçus à Lyon chez la tante de Martin, très sympa, qui s'occupe de nous comme des rois : super accueil avec apéro sous le cerisier, repas d'avant course excellent et chambres parfaites. Merci beaucoup à elle. Le lendemain matin, voiture direction La Toussuire (Savoie, vallée de l'Arvan, autour des aiguilles d'Arves). Nous commençons par nous arrêter à Décathlon, puis au supermarché pour les derniers achats nécessaires (gaz pour le réchaud, tongs pour Martin, pic nic du midi.). En route, voyant l'heure qui tourne nous décidons de nous arrêter sur une aire pour manger suffisamment tôt pour avoir le temps de digérer avant le départ. Après cette rapide pause pic-nic, nous nous rapprochons peu à peu de la Toussuire, mais nous sommes surpris d'être seuls sur la route.et pour cause, on se rend assez vite compte qu'on n'est carrément pas en avance ! Nous arrivons à La Toussuire environ 30min avant le départ ! Martin part au pas de course aux inscriptions pour récupérer nos dossards, pendant que je finis de préparer nos sacs.
Ca y est, la pression monte, il faut boucler le paquetage, avec toujours cette appréhension d'oublier quelque chose, ou au contraire de se (sur)charger de matériel inutile. D'autant plus que cette année, la pluie voire des orages sont annoncés dans l'après midi ! Clac, la voiture est fermée à clé, il est temps de lui dire « au revoir, à demain ! ».
Nous avançons vers le sas de vérification du matériel obligatoire, puis dans le sas de départ. Ouf ! ça y est, maintenant on ne peut plus reculer. Quelques minutes de répit nous laissent le temps de regarder la carte : le terrain est très découvert et très pentu ! 14h : Les traileurs sont les premiers à partir, puis les Joellettes. Et enfin musique à fond puis.5, 4, 3, 2, 1 Goooooooo c'est parti pour les 800 équipes !! Martin part comme une balle, en tête ; je tente de suivre derrière. 1km plus loin, nous prenons les cartons de report. Comme la pluie est annoncée, nous faisons le choix de reporter les 19 balises sur la carte ; il nous faut environ 6min. Puis c'est parti, pour une première balise, loin ! il nous faudra près de 30min en montée puis à flanc de montagne. Impossible de courir tellement c'est pentu ; le ton est donné ! Nous pointons en même temps qu'une équipe que l'on sait très forte (en l'occurrence les futurs vainqueurs), on tente de les tenir mais peu à peu ils nous lâchent ; pas grave, la course est longue et il fait très chaud. Les balisent s'enchainent bien ensuite, mais il faut un gros physique car les montées sont brutales ; j'arrive difficilement à lever la tête, c'est dommage car les quelques passages en crête délivrent un paysage magnifique. Nous naviguons entre 1800 et 2500m d'altitude. Martin oriente comme un chef, et moi je tente de le suivre puis d'aller pointer les balises. Nous sommes relativement seuls dans la montagne ce qui me plait beaucoup.
Environ à 2h de course, nous avons pointé une petite moitié de balises ; après une longue et pentue descente (près de 600mD-), je n'ai plus beaucoup d'eau et nous accusons un peu le coup physiquement (comme l'année dernière ; bizarre), ce qui fait qu'on se fait reprendre par une autre équipe, avec laquelle on passera 1h30. Inconsciemment, on baisse de régime, pour tenir. Puis je vois sur la carte que les 4 dernières balises sont assez proches les unes des autres, ce qui veut dire que nous approchons du but. De la balise 14 à la 15, c'est une longue montée abrupte sur chemin, commune à tous les circuits, et donc il y a beaucoup de monde. Je sens Martin un peu dans le dur, et comme je vais un peu mieux, je décide de le pousser ; la technique fonctionne, ça le soulage un peu et nous doublons beaucoup de monde ; je retrouve un second souffle et lâche les chevaux dans les dernières balises, pendant que Martin me dirige. Stratégie payante, car nous verrons plus tard que nous ferons les meilleurs temps sur cette section des 5 dernières balises. Enfin, nous passons la ligne d'arrivée en 4h10 ; mon GPS annonce 24km et 1500mD+. Fatigués, assoiffés, mais heureux d'avoir bouclé cette section sans trop d'erreurs, et sans avoir trop attaqué notre capital physique. Des membres de l'orga vérifient si nous avons bien tout le matériel obligatoire, puis nous allons vider notre puce électronique. Tout est ok, nous sommes 4èmes, 5min derrière les 3èmes, et 5min devant les 5èmes. Par contre devant, on prend 25min. Bravo à eux. On sait qu'il faut qu'on bosse le physique pour rivaliser ! On est un peu (agréablement) surpris de notre place, mais on sent que rien n'est joué, car la 2ème étape de lendemain sera tout aussi longue.
Mais les nuages montent noirs, et donc nous nous empressons de monter la tente et nous ravitailler. Les centaines de tentes se montent peu à peu dans le bivouac, et l'ambiance à la fois sportive et festive est toujours aussi agréable. Avec toutes ces tentes, quel joyeux bazar de formes et couleurs ! Avec notre matos ultra light et minimaliste, nous sommes un peu envieux des catégories qui se font porter le sac et qui sortent les bons repas, les grosses doudounes, etc. ! Cette année, exceptionnellement, l'organisation a installé une buvette, donc nous en profitons pour aller boire.un coca (la plupart des coureurs tourne plutôt à la bière, mais nous tentons de rester sérieux, malgré l'envie de houblon !). Puis nous profitons aussi de la présence des étudiants ostéo pour aller nous faire dorloter pendant 15min.
Lors de la préparation du repas, nous constatons que nous avons perdu le carré de report, absolument nécessaire pour reporter la localisation des balises sur la carte. Grosse pression, car sans cet ustensile en plastic de quelques grammes, il nous est impossible de continuer !!! Nous cherchons donc dans l'urgence une solution, qui viendra des concurrents d'une tente voisine, de mon club de CO, qui nous prêterons gentiment leur carré de report de secours. Un immense merci à eux.
Notre « gastronomique » repas lyophilisé a été un peu abrégé par l'arrivée (tant annoncée) de la pluie. Allez hop, il est 21h30, tout le monde sous la tente et au lit ! Puis avec la nuit qui tombe, la pluie et le vent s'intensifient : la tente bouge dans tout les sens, et entre la condensation dans la tente et la pluie, à chaque rafale de vent on prend une pulvérisation d'eau sur le visage (et sur le duvet) au point que lorsque l'eau commence à former des petites flaques le long de nos duvets, on fait le choix de sortir de nos sacs les couvertures de survie, de les glisser entre les matelas et le tapis de la tente, et nous recouvrir avec. La nuit se passe tant bien que mal, et lorsque le réveil sonne à 4h45, le vent et la pluie on cessé, mais l'eau a traversé le duvet et je suis bien mouillé. Heureusement, il ne fait pas très froid et rapidement nous arrivons à nous changer et nous réchauffer. Malheureusement, un petit crachin reprend et nous nous empressons de finir notre petit déjeuner puis de nous mettre à l'abri sous une tonnelle de l'organisation et finir de ranger notre matériel dans les sacs. Ces derniers sont un peu moins lourds (la nourriture en moins), mais la fatigue de la veille pèse un peu dans les jambes.
Compte tenu de notre classement, nous partons en chasse, c'est à dire dans l'ordre de l'arrivée de la veille, en respectant les écarts de la veille. Nous choisissons de partir plutôt tranquillement afin de laisser les organismes se réveiller peu à peu (5h45, c'est tôt !). Au report des postes, nous galérons un peu car le feutre a du mal à écrire sur les cartes mouillées par la pluie (nous avions pourtant pris le soin de les essuyer avant de partir, mais cela n'a pas suffit). La balise 1 est située dans un pré en contrebas d'un chemin. Je fais l'aller/retour pour aller la pointer mais il faut traverser le pré, et les herbes hautes me trempent complètement les pieds et le pantalon. L'eau froide à cette heure, c'est dur ! A la balise 3, nous choisissons un itinéraire en aller/retour, et nous sommes surpris de voir que les 3èmes du classement ne sont pas loin, et que les 5èmes nous sont passés devant. La bagarre est lancée, il va falloir serrer les dents pour défendre nos positions !! Une vingtaine de minutes plus tard, nous rattrapons les 5èmes, qui pour aller plus vite au départ n'avaient pas reporté toutes les balises, et qui sont en train de le faire tout en marchant. Nous remontons ensuite un interminable et pentu petit ruisseau dans du vert ; le moral n'est pas très haut les pieds dans la boue et la tête dans les branches.mais peu à peu apparaissent les silhouettent de nos concurrents directs pour la 3ème place. Ca fait 1 heure environ que l'on est partis quand on fait la jonction avec l'autre équipe. Nous allons rester avec eux pendant plus de 2 heures, sans que les uns ou les autres ne parviennent à faire la différence. Surtout sur un interpostes essentiellement en chemin de près d'1h et de 1000mD+. Nous serrons tous les dents et poussons, poussons, poussons sur les cuisses ! Les balises s'enchainent au milieu des névés que nous dévalons sur les fesses. Lors d'un passage un peu technique en orientation à 2400m d'altitude, nos concurrents essaieront d'accélérer pour nous détacher, mais Martin oriente très bien, je fais l'effort physiquement pour tenir et finalement c'est nous, dans une ultime grimpette, montée quasiment à 4 pattes qui parvenons à détacher nos compagnons. Puis on bascule et nous dévalons la pente et les dernières balises au plus vite afin de sécuriser notre 3ème place ! Mais dans un excès de rapidité (et/ou de fatigue) nous contournons une falaise du mauvais côté. Martin s'en rend vite compte, mais malheureusement il faut remonter une vingtaine de mètres de D+. Vu comme ça, ça ne fait pas beaucoup, mais au bout de 2 jours, avec 7h30 de course dans les pattes, et un sac de 5kg sur le dos, 20m D+ sur 50m ça pique ! Le temps que je remonte seul (Martin m'attend en contre-bas) et que je trouve la balise, on perd 3min avec pour conséquence de se faire à nouveau devancer par nos ex-compagnons de route. Aïe ! tout l'effort pour les détacher part en fumée ! Mais on ne va rien lâcher ! Pour tirer au plus direct pour retrouver Martin je descends droit dans la pente et les caillasses, sur les fesses (ça brule les pieds et les cuisses, ça arrache de la peau des mains, mais ça permet de revenir sur nos concurrents). Martin m'encourage et je le rattrape le couteau entre les dents, car il reste 3 balises assez rapprochées avant la fin. Nous courrons quelques instants ensemble puis il s'arrête et me montre où est la balise, 50m en contre haut au coin d'une bergerie, donc je courre faire l'aller retour vite, vite ; ca laisse le temps à Martin de faire demi tour et de prendre un peu d'avance sur moi. Là, je suis à fond pour le rattraper, et après à nouveau 200 ou 300m à courir au milieu des herbes hautes, il me montre l'avant dernière balise à 50m devant nous ; il m'attend à nouveau et je fais l'aller retour au plus vite, la bouche grande ouverte, et les cuisses qui brûlent. Puis, la dernière balise, le tour du lac, et à fond à fond dans la ligne droite d'arrivée ! Quelle fin de course intense !
Les organisateurs nous attendent avec un caméraman, car visiblement nous finissons bien 3èmes !!! Super heureux, nous sommes interviewés avec les vainqueurs et les seconds. Derniers petit stress, nous allons vider la puce, mais tout est ok ; puis à nouveau l'orga vérifie nos sacs. Dans ce temps, nos compagnons du jour arrivent à leur tour, environ 7min derrière nous. Nous allons les voir pour les féliciter de leur course, tout en étant un peu désolés de les avoir doublés après 2 heures ensemble. Ils semblent très frustrés de cette issue (on peut comprendre), mais c'est la course ! Mon GPS annonce 23km et 1300mD+, en 3h50. Nous bouclons cette seconde étape 1min derrière le meilleur temps des vainqueurs, et comme hier nous obtenons les meilleurs chronos sur les 5 dernières balises, à plus de 15km/h de moyenne ! Au final, nous sommes bien 3èmes, et nous échouons même à seulement 2min des 2nds après 8h de course !!
L'heure suivante sera consacrée à la récupération : repas local (polenta/diots) et ostéo (quel plaisir de se faire malaxer quelques minutes après un tel effort !). Ensuite la cérémonie du podium on nous avons la chance d'être congratulés par les instances locales et applaudis par la salle. 3èmes du circuit A d'o'bivwak, c'est pas tous les jours !!
Pour l'anecdote, nos lots nous ferons sourire un peu : 2 paquets de pates aux couleurs du tour de France 2016, 2 casquettes publicitaires de la région Rhône Alpes et une inscription offerte à un trail local en novembre ! Mais le plaisir est ailleurs.
Puis vers 16h, nous reprenons la voiture direction Lyon, puis l'aéroport et Nantes !
Ce beau week end n'aurait pas été possible sans le soutien moral d'Emilie tout au long de la prépa, mais aussi le groupe de Cap Endurance qui m'a accueilli pour les sorties longues du dimanche matin, la tante de Martin pour l'accueil et la logistique lyonnaise ou enfin Sarah et son père pour le prêt du carré de report. A tous, un grand MERCI !!
Je retiens de ce week end d'abord la super entente avec mon équipier ; je pense qu'on est vraiment complémentaires, même si en orientation hélas je ne lui suis pas d'une grande aide. Toutes les équipes s'accordent à dire que cette année n'était pas très technique mais très physique, et clairement on n'a pas eu le temps de rigoler lors des abruptes montées et descentes avec notre gros sac sur le dos. Au point que plus d'une fois je me demandais ce que je faisais là !! Mais c'était quand même une belle édition, avec des beaux paysages (pas trop regardés, mais heureusement que l'organisation prend des superbes photos !), un super bivouac au sec, et une super issue sportive ! Rendez-vous en 2018 ?